Musicothérapie et syndromes dépressifs

Cette page définit le syndrome dépressif et évoque quelques études scientifiques concernant la musicothérapie et la dépression. La recherche sur ce sujet n’est pas considérée comme menée à son terme, car beaucoup de ces travaux s’apparentent à des études pilotes, ou ne sont pas exempts de biais. 

personne depressive. Dépression. musicothérapie. Lyon

La dépression, définitions :

La dépression se caractérise par une tristesse, une fatigue, une irritabilité ou encore une sensation de culpabilité qui persiste durant des jours, des mois. Peuvent s’ajouter à cela une perte de l’appétit, du goût des choses : perte de plaisir (anhédonie), perte de motivation (apathie), des douleurs ou bien des idées noires (idéation suicidaire). La dépression d’une personne âgée au domicile a des répercussions sur celle-ci d’autant plus sous la forme hostile : elle s’exprime par la colère, l’irritabilité, l’agressivité.
[Pasquini, Picardi, Biondi, Gaetano, Morosini. 2004]

La dépression se définit comme anxieuse si elle apparait à la suite d’un traumatisme, d’un deuil, d’une séparation, d’un déménagement ou encore d’une perte d’emploi.
[Corruble, Thuile, Hardy, 2005]

Le caractère saisonnier de la dépression peut être lié à leur survenue et leur rémission à des périodes particulières dans l’année (ex. : un décès dans la famille en octobre).
[Pull, 2010]

Le syndrome dépressif s’accompagne de symptômes somatiques qui peuvent cacher les marqueurs thymiques. La dépression « masquée » peut être dissimulée sous des symptômes psychosomatiques tels que des douleurs (dos, estomac, migraines), des insomnies de l’hypersensibilité (pleurer sans même savoir pourquoi). Certaines personnes peuvent même réfuter sa présence.
[Corruble, Thuile, Hardy, 2005] [Eisinger, 2008]

Du point de vue somatique, l’anhédonie entraine une perte de poids significative et sans régime. Les troubles du sommeil font également partie de la symptomatologie dépressive. Les personnes peuvent avoir des insomnies ou faire de l’hypersomnie presque tous les jours, ce qui peut épuiser les séniors. Le sommeil n’est plus réparateur, induisant une fatigue diurne, et diminue alors l’aptitude à penser ou à se concentrer. Psychologiquement, la dépression provoque un sentiment de dévalorisation ou de culpabilité excessive au quotidien.
[Aribi, Baâti, Damak, Gaha, Mhiri, Amami, 2013] [Haute Autorité de Santé 2000]

La recherche scientifique en musicothérapie 

Chaque bloc recense plusieurs études scientifiques.
Retrouvez la bibliographie en fin de page.
N’hésitez pas à visiter le site Médiadoc de Lise Henry, spécialiste de l’information et de la communication depuis près de 20 ans qui réalise un travail de veille scientifique trés sérieux en musicothérapie.
Je tiens à préciser que toutes les études sur le domaine ne sont pas représentées ici.

En milieu psychiatrique : la musicothérapie est perçue comme un vecteur de socialisation qui favorise l'alliance thérapeutique, l'entrée en contact émotionnel ce dès la fin des 3 premières séances. C'est aussi une expérience relaxante et positive qui favorise la bonne humeur.

Une étude pilote sur 17 personnes souffrant de troubles mentaux et présentant de fréquentes difficultés à socialiser prouve que la musique est un vecteur de socialisation par excellence, beaucoup de patients ont ressenti cette expérience comme relaxante et positive.
[Grocke, Bloch, & Castle, 2009]

Un essai clinique contrôlé et randomisé basé sur un échantillon de 79 patients adultes souffrant de dépression constate une nette amélioration meilleure de l’anxiété à trois mois, et non significativement à six mois. Ce résultat suggère que la musicothérapie pourrait traiter la dépression avec succès, mais seulement tant que les séances se poursuivent.
[Erkkilä et al., 2011]

Une thèse écrite par Lionel Delpech recense trois études portant sur une psychothérapie brève et médiatisée associant technique d’induction musicale et entretien clinique  (Montage Composite Réceptif à visée Projective: MCR-P) dans l’objectif de lutter contre la dépression hospitalisée. La première recherche montre que l’outil peut s’utiliser pour favoriser le confort du patient en psychiatrie ou favoriser l’alliance thérapeutique. De plus, le MCR-P induit un état de relaxation. Enfin, les données qualitatives rapportent que lors de l’écoute, l’humeur du patient dépressif devient positive. Les résultats de la seconde étude démontrent que les personnes qui bénéficient du MCR-P ont moins de dépression que d’autres participants sur trois séances. Les processus identifiés sont d’ordre émotionnel, cognitif et clinique. La dernière étude porte sur un outil d’évaluation de la personnalité créative.
[Delpech, Sudres, Bouchard, 2021

Une comparaison entre 15 schizophrènes, 15 patients déprimés et 15 témoins cliniquement normaux a révélé des différences significatives. La musicothérapie s’est montrée efficace dans le traitement de la dépression et de la schizophrénie simple. Cette étude montre qu’une telle interaction peut s’utiliser pour témoigner de l’aptitude du sujet à entrer en contact émotionnel avec une autre personne, la nature de ce contact et sa capacité à être maintenu.
[Pavlicevic et Trevarthen, 1991]

Une étude exploratoire évalue quantitativement l’aptitude à être dans l’instant présent, le fonctionnement défensif, la sévérité de la dépression, le degré alexithymique, la distorsion corporelle, la temporalité, la créativité avant, et après la participation aux dispositifs de musicothérapie. Les séances de musicothérapie ont eu un impact positif supérieur à la situation de contrôle sur de nombreuses variables.
[d’Abbadie de Nodrest, Sudres, Schmitt, Yrondi, Da Cruz, 2020].

En médecine somatique, la musicothérapie diminue significativement les symptômes dépressifs, renforce les effets du soutien psychologique, la régulation émotionnelle et donne accès à une plus grande conscience de soi.

Une étude pilote rend compte des résultats d’une cohorte de 30 patients dépressifs en service ambulatoires, d’âge moyen subissant un programme intensif de 8 semaines de chant choral. Les examens « avant » et « après » de l’état mental et l’inventaire dépressif de Beck (un test évaluant la dépression fréquemment utilisé en recherche et pratique clinique) ont montré une amélioration significative.
[Petchkovsky, Robertson-Gillam, Kropotov, Petchkovsky, 2013]

Un essai clinique contrôlé randomisé a été réalisé avec un échantillon de 79 personnes âgées de 25 à 60 ans atteints de dépression dite faible et moyenne. La musicothérapie a été appliquée pendant 50 minutes tous les jours pendant huit semaines. À la fin, le groupe de musicothérapie avait moins de symptômes dépressifs que le groupe de psychothérapie, et cela s’est avéré statistiquement significatif avec le test de Friedman. Les auteurs proposent que les patients souffrant de dépression puissent utiliser la musique pour améliorer les effets du soutien psychologique.
[Castillo-Pérez, Gómez-Pérez, Velasco, Pérez-Campos, Mayoral, 2010]

La recherche sur l’utilisation de l’écoute de la musique et de la pratique de la pleine conscience montre que chacune est efficace dans le traitement de la dépression. Les auteurs proposent une intervention combinée appelée Mindful Music Listening, pour remarquer, étiqueter, discuter et apprendre à gérer leurs émotions. Les avantages constatés comprennent une plus grande conscience de soi du patient et une régulation émotionnelle ainsi qu’un renforcement de la relation patient-thérapeute.
[Eckhardt, Dinsmore, 2012]

En population gériatrique, la musicothérapie diminue les symptômes dépressifs et la pression artérielle, améliore l'état de l'humeur et les fonctions cognitives. Elle permet aussi l’expression émotionnelle, de la connexion sociale et de la croissance personnelle chez les personnes âgées.

Une étude d’observation sur 13 patients cérébro-lésés institutionnalisés en EHPAD a évalué l’intérêt de la musicothérapie sur l’humeur, l’anxiété et la dépression. Sur une période de 20 semaines, les personnes ont participé à une séance individuelle hebdomadaire de musicothérapie d’une heure. Elle était partagée en deux : une partie consacrée à l’écoute musicale et l’autre à la pratique instrumentale active. La musicothérapie s’est accompagnée d’une amélioration nette de l’état d’humeur. L’effet à court terme a été confirmé par les résultats apportés.
[Guétin, Soua, Voiriot, Picot, Hérisson, 2008]

Ce résultat est retrouvé sur une étude concernant 64 personnes vivant en EHPAD : la musicothérapie diminue le taux de dépression et la pression artérielle chez les séniors.
[Gök Ugur, Yaman Aktaş, Orak, Saglambilen, Aydin Avci, 2017]

La musicothérapie a permis aussi de réduire de façon significative l’anxiété et la dépression. Une étude sur 101 séniors de 71 ans en moyenne démontre que la participation à des interventions psychosociales a conduit à une amélioration des symptômes dépressifs et anxieux chez la personne âgée sur une durée d’un an.
[Rawtaer, Mahendran, Yu, Fam, Feng, Kua, 2015]

Une étude exploratoire suggère des effets sur les séniors du groupe d’intervention en musicothérapie démontrant une réduction quantitative remarquable des symptômes dépressifs et une amélioration de la qualité de vie. Les données qualitatives offrent des récits nuancés soulignant la valeur thérapeutique de la musicothérapie dans la promotion de l’expression émotionnelle, de la connexion sociale et de la croissance personnelle chez les personnes âgées.
[Iqbal, Rastini, 2024]

En chine, une étude portée sur 80 personnes âgées de plus de 65 ans, souffrant de troubles cognitifs et de symptômes dépressifs, démontre que la musicothérapie réceptive a amélioré de manière significative les fonctions cognitives et réduit les symptômes dépressifs chez les séniors atteints de déficience cognitive légère.
[Xue, Meng, Liu, Luo, 2023]

 

En pédopsychiatrie, la musicothérapie régule les réponses physiologiques des enfants nés prématurément. Elle diminue : angoisse, stress et dépressions autant chez les parents que chez les bébés. Elle aide aussi les parents à exprimer leurs émotions, soutient le processus d'attachement et rend l'espace médical plus humain.

Au cours des dernières décennies, il a été prouvé que la musicothérapie à l’unité néonatale de soins intensifs (UNSI) régule les réponses physiologiques des prématurés et améliore la santé mentale maternelle. Une étude portant sur 33 dyades de mères et d’enfants prématurées séparées en deux groupes dont un visant à soutenir le chant maternel. Les résultats montrent que les niveaux d’anxiété, de dépression et de stress ont diminué de manière significativement après l’intervention dans le groupe encouragé par la musique.
[Palazzi, Meschini, Piccinini, 2021

Des chercheurs ont examiné le degré de symptômes dépressifs et de stress post-traumatique chez les mères d’enfants prématurés nés avant 32 semaines de gestation en mesurant avec une échelle allemande la dépression. Le groupe ayant de la musicothérapie a reçu 605 séances entre la fin de la première semaine juste après la naissance de l’enfant et la sortie de l’hôpital. Les mères, dont le nourrisson a bénéficié d’une musicothérapie, ont montré une diminution plus forte des symptômes de dépression et de stress.
[Kobus, Diezel, Dewan, Huening, Dathe, Marschik & al. 2023]

Geneviève Schneider aborde la mise en place d’une initiative musicale pour soutenir les enfants nés prématurément et leurs familles dans un centre spécialisé en néonatalité, en renforçant l’accent sur la création de liens parent-enfant, la réduction des angoisses parentales, et l’amélioration de l’environnement hospitalier. Les ateliers ont montré que la musique aidait les parents à exprimer leurs émotions et humanisait le cadre médical.
[Schneider, 2010] 

Une étude randomisée incluant 82 mères, dont 41 ayant de la musicothérapie juste après avoir accouché montre que la musique écoutée par celles-ci réduit les niveaux de dépression et de baby blues. Les résultats sont étayés par l’échelle de blues de Stein (SBS) et celle de dépression post-partum d’Édimbourg (EPDS) réalisée à quatre reprises.
[Küçükkaya, Can, Güler, 2024

Des recherches suggèrent que la musicothérapie pourrait réduire efficacement les symptômes dépressifs et améliorer les aspects physiologiques, et soutenir le processus d’attachement chez les femmes souffrant de dépression post-partum.
[Patch, Short, 2002]

Aribi L, Baâti I, Damak M, Gaha L, Mhiri C, Amami O. Dépression après un accident vasculaire cérébral chez le sujet âgé : étude transversale à propos de 40 cas. L’information psychiatrique. 2013;89(10):843.

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