Musicothérapie et anxiété

Cette page définit l’anxiété et évoque quelques études scientifiques concernant la musicothérapie et l’anxiété. La recherche sur ce sujet n’est pas considérée comme menée à son terme, car beaucoup de ces travaux s’apparentent à des études pilotes, ou ne sont pas exempts de biais. 

anxiété musicothérapie lyon

L’anxiété, définitions :

L’anxiété est un trouble émotionnel qui se manifeste par un sentiment d’insécurité. C’est une réaction normale importante lorsqu’une personne est confrontée à la peur et au stress.
[Bard, Bard, 2009]

Elle peut se manifester par une insomnie qui crée des réactions physiques comme des tensions, des palpitations cardiaques, une boule dans la gorge, des pâleurs, de la transpiration ou encore une difficulté de respiration. Sur le plan cognitif, cela peut s’exprimer par des ruminations (réflexion continuelle sur un sujet) ou de l’anticipation (action de prévoir le futur).
[Pasquini, Picardi, Biondi, Gaetano, Morosini, 2004]

D’après Pierluigi Graziani toutes les définitions de l’anxiété peuvent se ramener à trois conditions essentielles : 
     –  Le sentiment de l’imminence d’un danger indéterminé, à venir. Il s’accompagne d’élaboration de fantasmes tragiques amplifiant la proportion d’un drame.
     –  L’attitude d’attente devant le danger liée à un état d’alerte: le sujet est entièrement envahi, tendu.
     –  Le désarroi, ou encore l’impuissance devant le danger.
[Graziani, 2008]

Le trouble anxieux est caractérisé par une anxiété et des soucis excessifs concernant le quotidien et entrainants des difficultés à contrôler ses préoccupations. Il regroupe le trouble panique (avec ou sans agoraphobie), la phobie (spécifique ou sociale), le trouble obsessionnel compulsif (comportements répétitifs et irraisonnés), l’état de stress post-traumatique, l’état de stress aigu et l’anxiété généralisée. 
[DSM-5]

Les troubles anxieux concernent 17 % des hommes et 25 % des femmes en France.
[Bard, Bard, 2009]

La recherche scientifique en musicothérapie 

Chaque bloc recense plusieurs études scientifiques.
Retrouvez la bibliographie en fin de page.
N’hésitez pas à visiter le site Médiadoc de Lise Henry, spécialiste de l’information et de la communication depuis près de 20 ans qui réalise un travail de veille scientifique très sérieux en musicothérapie.
Je tiens à préciser que toutes les études sur le domaine ne sont pas représentées ici.

En milieu psychiatrique : constat d’une efficacité significative de la musicothérapie active pour le traitement de l’anxiété. Le délai d’action semble rapide, dès la première séance et semble maintenue tant que les séances se poursuivent. L’idéal serait de proposer aux patients des séances bihebdomadaires.

Une étude pilote sur 17 personnes souffrant de troubles mentaux et présentant de fréquentes difficultés de socialisation prouve que la musique, est un vecteur de socialisation par excellence, beaucoup de patients ont ressenti cette expérience comme relaxante et positive.
[Grocke, Bloch, & Castle, 2009]

Un essai clinique contrôlé et randomisé basé sur un échantillon de 79 patients adultes souffrant de dépression constate une nette amélioration meilleure de l’anxiété à trois mois, et non significativement à six mois. Ce résultat suggère que la musicothérapie pourrait traiter l’anxiété avec succès, mais seulement tant que les séances se poursuivent: il n’y a pas d’effet maintenu après la fin de la prise en charge.
[Erkkilä et al., 2011]

Une étude sur 21 personnes, ni contrôlée, ni randomisée, montre des résultats mitigés. Elle évalue l’intérêt d’une session de musicothérapie active d’une heure sur l’anxiété chez des patients présentant un trouble du cours de la pensée (schizophrénie, trouble schizo-affectif, psychoses) ayant de l’anxiété. Conclusion : le niveau d’anxiété était significativement diminué juste après la prise en charge, mais remontait visiblement une heure après.
[Pavlov et al., 2017]

Un essai croisé, contrôlé mais non randomisé, étudie  18 adultes souffrants d’anorexie mentale. Ils bénéficient de deux séances d’une heure de musicothérapie réceptive et active par semaine, les trois autres jours, la condition de contrôle était appliquée (groupe de parole, jeux de société, activités artistiques pour une même durée). L’étude suggère que la musicothérapie serait efficace pour diminuer l’anxiété chez les patients anorexiques.
[Bibb, Castle, & Newton, 2015]

En médecine somatique : les travaux réalisés jusqu’à ce jour suggèrent que la musicothérapie réceptive pourrait constituer une alternative thérapeutique intéressante pour traiter l’anxiété et le stress. Les auteurs sont dans l'ensemble en accord avec le fait d’utiliser principalement de la musique lente, adaptée aux goûts musicaux du patient et conseillent une prise en charge de 30 minutes minimum.

Une étude rétrospective sans groupe contrôle sur 293 personnes suivis en soins palliatifs montre une diminution significative du niveau d’anxiété entre le début et la fin des sessions. Ils ont bénéficié d’une prise en charge par musicothérapie active ou réceptive ; dans ce dernier cas, les auteurs précisent que les patients devaient écouter des morceaux adaptés à leurs goûts musicaux, une condition qui renforcerait l’efficacité de la médiation.
[Gallagher, Lagman, & Rybicki, 2017]

Un essai contrôlé et randomisé avec un échantillon de 100 patients subissant une intervention dentaire, réparti en deux groupes de mêmes tailles, explique que sur le plan qualitatif, les personnes bénéficiant de la musicothérapie déclaraient se sentir relaxées, moins concentrés sur le bruit des instruments opératoires et les voix du personnel.
[Di Nasso et al., 2016]

D’après quatre essais contrôlés randomisés et une étude quasi expérimentale, l’efficacité de la musicothérapie réceptive est aussi prouvée pour réduire l’anxiété pré- et postopératoire en chirurgie du pontage aorto-coronarien (CABG).
[Wu, Yao, 2023]

Une méta-analyse datant de 2005 autour de la musicothérapie réceptive avec de la musique lente ou apaisante explore les aspects psychologiques et somatiques de l’anxiété. Sur les 12 études choisies, 5 constataient une nette amélioration de l’anxiété sur le plan psychologique et pour au moins un paramètre biologique, 4 sur le plan psychologique uniquement, 2 sur le plan biologique uniquement, et 2 ne retrouvaient aucune différence significative.
[Cooke, Chaboyer, & Hiratos, 2005]

Parmi les méta-analyse, celle-ci regroupe 47 recherches totalisant plus de 2.700 participants. Elle démontre que la musicothérapie a un effet global moyen à important sur les conclusions liées au stress, qu’il s’agisse de résultats physiologiques ou psychologiques. Ils sont encore plus marqués lorsque l’étude est réalisée dans des pays non occidentaux que dans des pays occidentaux.
[De Witte, Pinho, Stams, Moonen, Bos, Van Hooren, 2022]

Une autre méta-analyse portant sur 12 essais cliniques conclut que la musicothérapie semblait efficace pour diminuer l’anxiété pendant les soins usuels, mais pas pour les procédures plus lourdes telles que les interventions sous anesthésie locale.
[Evans, 2002]

U. Nilsson a analysé 12 essais cliniques contrôlés et randomisés publiés entre 1995 et 2007 explorant l’effet de la musicothérapie réceptive sur l’anxiété chez des patients subissant une ou plusieurs interventions chirurgicales. 50% des études démontrent que la musicothérapie diminuait significativement le niveau d’anxiété. L’auteur propose des recommandations pour l’utilisation de la musique en médecine somatique :
     – musique lente et douce, avec un tempo approximativement compris entre 60 et 80 battements par minute ;
     – absence de paroles ;
     – volume maximum de 60 dB ;
     – suggérer au patient un choix guidé entre plusieurs morceaux ;
     – une prise en charge de 30 minutes au minimum.
[Nilsson, 2008]

En population gériatrique, quelques études plaident en faveur d’une efficacité de la musicothérapie active ou réceptive pour traiter l’anxiété. Pour les recherches retrouvant un résultat significatif, les patients ont bénéficié d’au moins 10 séances.

Un essai clinique évaluant l’intérêt d’ateliers de chant collectif auprès de 258 patients âgés de 60 ans est réalisé. La population de l’étude est séparée en deux groupes dont un de contrôle pouvant pratiquer une activité libre. Les séances étaient proposées chaque semaine pendant trois mois et demi et duraient 90 minutes. L’anxiété était significativement diminuée pour le groupe expérimental à trois mois par rapport au groupe contrôle, mais cette amélioration n’était pas maintenue après l’arrêt de la prise en charge. Ce résultat suggère que la musicothérapie serait efficace pour traiter l’anxiété chez les patients âgés tant que les séances se poursuivent. De plus, les participants bénéficiant de la musicothérapie avaient une forte appétence pour ces ateliers avec un retentissement positif sur leur sentiment de bien-être.
[Coulton, Clift, Skingley, & Rodriguez, 2015]

Un essai clinique contrôlé et randomisé explorant l’anxiété et la dépression chez une population de 30 patients présentant une démence d’Alzheimer modérée. La moitié du groupe a bénéficié de 16 séances hebdomadaires de montage en U (bande sonore personnalisée de 25 minutes), l’autre d’activités non musicales. Les résultats vont en faveur d’une efficacité de la musicothérapie, à hauteur d’une session par semaine pendant 4 mois, pour traiter l’anxiété de ce public. Dans cet échantillon, l’effet se maintenait deux mois après la fin de la prise en charge.
[Guétin et al., 2009]

Une étude sur 101 personnes âgées en moyenne de 71 ans démontre que la participation à des interventions psychosociales a conduit à une amélioration des symptômes dépressifs et anxieux chez les séniors sur une durée d’un an.
[Rawtaer, Mahendran, Yu, Fam, Feng, Kua, 2015]

En pédopsychiatrie, les auteurs constatent que la musique comme thérapie réduit l’anxiété d’élèves de 4 à 6 ans. Elle renforcerait l’activité du fœtus tant des ses mouvements que sa fréquence cardiaque et diminuerait le niveau d’anxiété maternelle. Enfin, écouter de la musique appréciée facilite l’expression et renforce la cohésion de groupe chez les adolescents.

Des auteurs iraniens ont mené une comparaison entre deux formes de thérapie sur 63 enfants issus de secondes années de primaire (4 à 6 ans). Séparés en trois groupes, les enfants pouvaient soit expérimenter la thérapie par des histoires racontées, la musicothérapie ou faire partie du groupe témoin. L’étude démontre que les deux formes de thérapie sont efficaces pour réduire l’anxiété des élèves. Il n’y a différences importantes entre les résultats des deux thérapies.
[Mohammadi, Arshadrad, 2023]. 

Un essai clinique randomisé incluant 80 femmes enceintes de 32 à 42 semaines fonde sa démonstration sur des interventions de 20 minutes pendant un test qui permet d’évaluer les mouvements fœtaux et la fréquence cardiaque du fœtus. Le groupe témoin faisait le test sans musicothérapie. L’inventaire d’anxiété de Spielberg State-Trait a été utilisé pour accéder aux traits et à l’état d’anxiété dans les deux groupes. L’étude montre que la fréquence cardiaque fœtale et les mouvements fœtaux augmentent pendant l’examen de réactivité fœtale. La musicothérapie a également permis de diminuer le niveau d’anxiété maternelle.
[Fathi, Shakarami, Amraei, Yari, Behzadvand, 2023]

J’ai trouvé quelques arguments qualitatifs, en particulier le fait que les adolescents manifestent davantage d’émotions positives après avoir écouté la musique qu’ils préfèrent, que la musique facilite l’expression des émotions et renforce la cohésion d’un groupe.
[Yinger & Gooding, 2014] 

Bard A, Bard M. Courts-circuits. In: Bard A, Bard M. Le cerveau malade... Vanves: Marabout; 2009. p. 277-282.

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